Le Baiser : une mort sûre?  imageLe Baiser : une mort sûre?  image
Dans les baisers que l’on adresse, que l’on reçoit, dans les baisers dont on nous couvre, ceux qu’on attendait, ceux qui n’arrivent jamais, dans tous ces baisers, il est question de soi, de l’autre. Et il est probablement question de notre façon d’appréhender l’amour. Lacan écrivait au sujet de l’amour qu’ « il s’agit d’offrir à quelqu’un qui n’en veut pas, quelque chose qu’on a pas ».

Peut-être que lorsqu’on aime quelqu’un, c’est finalement parce qu’il/elle nous évoque quelque chose de notre propre manque à être. Peut-être est-il notre égal ou notre négatif ? Peut-être nous languissons nous de son absence comme nous nous languissons de ce qui nous fait défaut ? Peut-être aussi avons-nous construit notre rapport amoureux sur un modèle relationnel qu’il est convenu d’avoir dans un système donné ? Peut-être cherchons-nous à vivre nos histoires d’amour sur un scénario inconscient hérité de notre histoire familiale ? Qu’attendons-nous de l’autre au final ? Qu’est-ce qui nous a été transmis comme croyances et comme attentes au sujet de l’amour, du couple et de l’autre sexe ? Que projetons-nous sur notre partenaire ? En quoi notre idéal du partenaire/de la partenaire se fonde-t-il sur un schéma engrammé qui assure aux individus d’une famille à tenir une place précise ? La place de la boniche, la place du mari trompé, la place de la mère courage, la place du vieux beau, la place du Dom Juan, la place de la working girl, etc. Et puis, comme dans nombreux systèmes, il y a les places qui restent vacantes : l’amant magnifique parti trop tôt, l’épouse dévouée qui s’oublie dans la relation, le père protecteur, le renégat prêt à tout larguer, l’intrigante demoiselle sur la route du Corcovado,… Oui, les rencontres et ce que nous croyons en faire sont peut-être le fruit d’un (mal)heureux hasard ou peut-être s’inscrivent-elles avec cohérence et subtilité sur notre route pour nous préserver d’une souffrance non digérée dans notre famille ? S’agit-il d’une réparation par procuration ? S’agit-il de rester loyal à un système, à sa culture, à ses codes, à sa classe sociale ? Qu’est-ce qui est convoqué dans le rendez-vous amoureux ? Quels sont les fantômes familiaux qui agissent sur la rencontre? Qui est invité à la table de la Saint-Valentin, en plus du couple ? Qui est évincé ? Quelle est la bonne fée qui fera de votre vie sentimentale une route sinueuse, cabossée ou une croisière de charme ? Comment être sa propre enchanteresse ?

La vidéo postée dans cette publication aborde la femme et ses avatars dans les œuvres du peintre Edward Munch. Les représentations féminines chez Munch témoignent d’une posture particulière prise par l’artiste au regard du beau sexe. La toile du Baiser questionne. Quel est le fantasme sous jacent? Quelle est l’angoisse ? Comment le processus créatif est-il venu soutenir le propos inconscient ? Qui dévore qui ? Qui disparaît dans le couple au profit de la fusion, au profit de l’autre ? Qu’est-ce qui semble être visible du couple ? Et qu’est-ce que l’on dit de soi, de son histoire, de sa famille quand on aime ou quand on mine le terrain de nos désirs et de nos rencontres ?

voir : Pourquoi Edvard Munch représentait-il les femmes comme des vampires ? (franceculture.fr)

https://www.franceculture.fr/emissions/ouh-la-l-art/pourquoi-edvard-munch-representait-il-les-femmes-comme-des-vampires?fbclid=IwAR3YMov1VQrSK3EONMlDdEnykGpKL9nC_nvuJHJQH-H-Y716nHA3LmPUAps