Coco : le Jour des morts imageCoco : le Jour des morts imageCoco : le Jour des morts image
En  2017, les studios Disney Pixar sortent un film d'animation brillant, COCO. A l'époque de mon processus personnel sur le plan transgénérationnel, j'ai dépassé la découverte et m'en imprègne allégrement au travers des discours des uns et des autres. Je n'imagine pas un instant qu'une séance au cinoche avec mes enfants va venir me cueillir l'âme et le coeur avec autant d'intensité.

"Coco" est l'histoire d'une famille mexicaine où la musique a été bannie du clan. La loi du système familial invite chacun de ses membres à poursuivre son existence pour autant qu'il s'affilie professionnellement à l'entreprise familiale de cordonnerie. Miguel, le héros du film, a 12 ans. Sa passion et son plus grand secret coulent dans ses veines : Miguel est un musicien de talent qui adule Ernesto De la Cruz, une vedette du cinéma d'opérette. Suite à une maladresse survenant le Jour des Morts, Miguel découvre une photographie déchirée l'invitant à penser qu'il n'est autre que l'arrière-petit-fils de son idole. Le jeune garçon va alors parcourir le monde des Morts et celui des vivants à la recherche de son ancêtre, afin de légitimer son affiliation à la musique et de lever le voile autour de cet énorme secret de famille.

"Coco" nous offre ici une réflexion précieuse. La clinique transgénérationnelle pose la question de la transmission des innés et des acquis. Cette clinique ne porte pas le sceau d’un anankè qui figerait les vivants dans un impossible mouvement prédestiné. C’est au contraire une approche qui considère que la lecture éclairée des acquis transmis suggère à chacun de comprendre que sa marge de manœuvre s’en trouve en fait amplifiée, et que sa responsabilité de sujet s’inscrit dans une démarche d’épanouissement personnel et non dans un déterminisme familial ou communautaire.

Le psychanalyste R. Neuberger parle de transmission familiale en disant qu’il s’agit de la « gestion adéquate de l’oubli» du système pour et par lui-même. En clinique transgé, on s’intéresse à la mémoire des vivants sur les morts. Nous sommes, ce jour, au vestibule de la Toussaint. Ce jour de l'année où l'on honore (d'une façon ou d'une autre) ses morts. En ce "dia de los muertos", peut-être convient-il à chacun de se demander quelle fonction cette journée a-t-elle dans sa vie? A quel ascendant disparu ou quel défunt restons-nous liés au de-là du monde sensible? A quel destin ancestral notre existence répond-elle? Que s'est-il transmis au travers des générations pour que ceux qui nous ont précédés soient ou non honorés en ce jour? Serions-nous ici avec cette existence si le destin de nos aïeux avait été différent? Que faisons-nous des sépultures? Qu'y faisons-nous? Devons-nous faire de cette Fête des Morts une journée de deuil intérimaire ou devons-nous observer à la loupe ce qui nous relie à la mort, et donc à la vie? Peut-être pourrions-nous profiter de ce jour pour honorer les mémoires et, choisir enfin de recevoir les précieuses ressources de notre arbre? Espérant ainsi être simplement heureux d'être au monde.

Quentin Favier