Explorer le territoire familial pour retrouver sa marge de manoeuvre imageExplorer le territoire familial pour retrouver sa marge de manoeuvre image
La famille est un territoire. Les autochtones y observent des codes, des coutumes, des traditions et des rites. L’observation relativement scrupuleuse de ces lignes de conduites signe l’appartenance et la dignité d’appartenir à ce groupe. Bien entendu, comme la plupart des territoires, la famille compte un ou plusieurs niveaux de pouvoir.

Un territoire, ça s’honore. Dans la chanson « Notre Terre », issue du film d’animation Disney «Vaiana », le patriarche de la tribu appelle sa fille à honorer le mythe familial, le mythe communautaire. Il est en effet attendu de Vaina qu’elle se montre digne d’assumer le mandat familial : reprendre la tête de la tribu. Son père lui rappelle combien leur village, leur « Terre » est belle, et combien ce microcosme devrait « suffire » à tous. Mais pas que. Dans la chanson, on retrouve très clairement les composantes incontournables du mythe familial (développé par R. Neuburger) : le casting (indiquant à chacun son rôle et sa place), la vision du monde et ses frontières infranchissables, la représentation du bonheur qu’il convient de conquérir, les moyens consentis pour y parvenir. Il s’agit clairement d’un discours de persuasion, où le chef circonscrit les instincts et désirs individuels. Le village est présenté comme lieu de vie et de mort, sans que jamais aucun autre territoire ne soit investi. Il est question du tabou et de l’interdit de lever l’ancre. Il est aussi question de se situer par rapport à la norme prescrite et de s’en distancier au risque d’être perçu comme marginal, voire peu fréquentable.

Un territoire, ça s’occupe. Au travers du mythe familial, les individus investissent leur appartenance au groupe, s’accommodent ou non du « costume » qu’on leur attribue (selon leur genre, leur âge, leur place dans le système). C’est également au travers de ce mythe que vont se réguler (ou malheureusement s’enkyster) les crises de la vie. Le mythe familial est une matière vivante. Il se nourrit des comportements attendus et des relations interpersonnelles. Il diffuse aussi à son tour des valeurs, des croyances, des vérités générales, des commandements, des interdits. Le mythe familial indique au groupe famille comment investir le territoire, et comment y survivre. Il est à la fois l’état-major et le champ de bataille. Au nom de l’autoconservation du groupe, des stratégies transgénérationnelles panachent les relations intra et extra familiales.

Oui, la famille est un territoire. Et, un territoire, ça se défend. Citadelle, ou hameau perdu, archipel ou château-fort, grand building ou vieille chaumière, la famille s’organise pour traverser les siècles. Elle évolue au grès des codes et des clivages sociétaux pour exister dignement au monde. Il arrive aussi qu’il y ait un freezing des capacités d’évolution du système, et qu’une régression à d’autres us et coutumes se déploie. Le film The Village, de N. Shyamalan, en est un brillant exemple. En complète autarcie ou en hyper connectivité avec le réseau, la famille produit des individus, comme un arbre produit ses bourgeons. Certains fleuriront et porteront fruit, d’autres feront greffons sur d’autres troncs. Mais la « terra familia » a plus d’un tour dans son sac. Si la mémoire du groupe claironne aux autochtones la gloire de leurs ancêtres, elle ne manque pas de souffler dans les branches de l’arbre -avec une relative discrétion- que des grottes mystérieuses demeurent quelque part. Et que de ces zones qui ne disent pas toujours leur nom, s’exhalent des voix d’outre-tombe, des secrets bien gardés, des exils et bannissements qui ne peuvent se discuter.
Alors que faire? Comment traverser le territoire familial, parfois miné, pour aller vers sa conquête d'existence? A quoi se heurter? Comment opérer un changement? Et, surtout comment se sentir libéré des élastiques transgénérationnels qui sous-tendent nos impasses et nos errances?

L’accompagnement d’un analyste transgénérationnel, tel que l’Ecole Généapsy le propose et telle que je l'envisage en tant que thérapeute, invite les personnes à visiter les mémoires de leur arbre, de questionner le territoire familial, et d’en investiguer les contrées explorées et inexplorées. Au programme, contenus théoriques, exercices travaillant l’éprouvé sur le mythe familial, et autres activités pour s’approprier les outils de l’analyse transgénérationnelle.


https://www.youtube.com/watch?v=IVSeUmQMWR8